Mon travail s’inscrit dans la tradition de la peinture de portrait. Entre fiction, art et document, mes peintures cherchent à capter le rythme et l’intensité d’instants de vie volés à la jeunesse urbaine contemporaine.
Je travaille à partir de matières photographiques issues de rencontres dans l’espace urbain ou sur les réseaux sociaux. Mes références empruntent autant au cinéma qu’à la photographie intimiste underground, mais aussi à l’iconographie primitive et à l’impressionnisme. Les scènes laissent parfois deviner un récit hors-champ et se situent dans des lieux indéfinis où se croisent jour et nuit.
Autodidacte nourrie par l’histoire de l’art, j’ai développé une technique où matières, couleurs et lumière dégagent les volumes et s’émancipent du dessin. Ma palette couvre toutes les nuances, mais le recul spatial sélectionne les tons en une gamme restreinte.
J’emploie aussi le pigment fluo, inexistant dans la nature, comme couleur-lumière.
Il semble parfois provenir de l’espace, comme si les figures évoluaient dans des fêtes nocturnes propices à la volupté. Parfois encore, la lumière émane des sujets eux-mêmes, transfigurant les jeunes hommes et leur conférant la grâce de figures angéliques.
En tant que femme peignant surtout des hommes, je questionne la relation au genre et particulièrement à la masculinité. Les sujets que je représente adoptent des attitudes viriles d’où émane une vulnérabilité indicible. C’est de cette tension entre rôle social et être intime que je puise l’essentiel de mon travail.